Alors que le pays traverse une crise sécuritaire aiguë, certains opérateurs privés semblent tirer profit du chaos, au détriment des citoyens.
C’est le cas de Sunrise Airways, qui opère en Haïti depuis plusieurs années.
Avant la fermeture temporaire de l’aéroport international Toussaint Louverture en raison de l’insécurité, le prix moyen d’un billet d’avion reliant le Cap-Haïtien à Port-au-Prince oscillait entre 120 et 125 dollars américains. Pourtant, au plus fort de la crise, alors que la majorité des compagnies aériennes avaient suspendu leurs opérations, Sunrise a continué à voler, avec la complicité apparente de certaines autorités de l’Autorité Aéroportuaire Nationale (AAN) et de l’Office National de l’Aviation Civile (OFNAC). Durant cette période, le prix d’un billet pour un vol de 25 minutes est monté en flèche, atteignant entre 850 et 1000 dollars.
Le 5 juin dernier, le gouvernement dirigé par le Premier ministre Didier Fils-Aimé a signé un protocole d’accord avec Sunrise Airways pour la reprise des vols commerciaux dans le pays. Dans le cadre de cet accord, la compagnie aérienne a reçu une enveloppe de 11 millions de dollars, en guise d’assurance et de compensation.
Cependant, cette reprise d’activité s’est accompagnée d’une nouvelle hausse tarifaire. Depuis le 12 juin, un billet aller simple entre Port-au-Prince et le Cap-Haïtien coûte désormais 250 dollars. Un tarif jugé excessif par de nombreux voyageurs, d’autant plus que les conditions de voyage laissent à désirer : absence de climatisation à bord, retards fréquents, manque de confort… plusieurs passagers expriment aujourd’hui leur frustration face à un service qui ne reflète en rien les prix exigés.
Une question demeure : jusqu’où ira cette forme d’impunité commerciale, et qui protège réellement les intérêts des citoyens dans ce pays où certaines entreprises semblent avoir plus d’autorité que l’État lui-même ?