Déclarations de patrimoine : l’ULCC salue des avancées mais appelle à renforcer le cadre légal

- Corruption - September 3, 2025

Déclarations de patrimoine : l’ULCC salue des avancées mais appelle à renforcer le cadre légal

Port-au-Prince, 1er septembre 2025 – L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) dresse un bilan jugé encourageant du respect de la loi du 12 février 2008 sur la déclaration de patrimoine par les responsables publics. Dans une note d’information publiée ce lundi, l’institution affirme constater une nette amélioration dans le comportement des assujettis, même si certains hauts fonctionnaires persistent à ignorer cette obligation légale.

Des chiffres en progression

Selon les données communiquées par l’ULCC, 100 % des membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et près de 90 % des ministres et secrétaires d’État du gouvernement en place ont déjà rempli leur déclaration de patrimoine. Une tendance saluée par l’institution, qui met en avant l’importance de cet acte pour la transparence et la redevabilité publique.

Toutefois, la note précise que deux ministres et deux secrétaires d’État n’ont pas encore satisfait à cette exigence légale, en dépit des rappels formels adressés par l’ULCC.

Les efforts de l’ULCC et de la société civile

Ces résultats positifs sont attribués à une série d’initiatives menées ces dernières années. L’ULCC mentionne notamment l’organisation de journées de déclaration de patrimoine, la publication d’un guide pratique pour les déclarants, ainsi que de vastes campagnes de sensibilisation.

L’institution souligne également avoir transmis à la justice plus de 120 dossiers visant des personnalités publiques soupçonnées de manquement à cette obligation. Un signal fort adressé à ceux qui tentent de se soustraire à la loi.

La société civile a aussi joué un rôle déterminant dans la vulgarisation et la promotion de bonnes pratiques de gouvernance. Plusieurs organisations locales se sont engagées dans la sensibilisation des responsables politiques et administratifs, contribuant ainsi à la progression enregistrée.

Une réforme en chantier

Après avoir réalisé un diagnostic en 2022, l’ULCC a lancé le projet de mise en place d’un Système de Déclaration de Patrimoine plus performant (SYDEP III), avec l’appui de partenaires techniques et financiers. Cette réforme vise à moderniser les outils de collecte, à faciliter les démarches pour les assujettis et à renforcer les mécanismes de contrôle.

Selon l’institution, ces efforts se sont traduits par une augmentation spectaculaire de 535 % du nombre de déclarations enregistrées au cours des trois dernières années.

Un plaidoyer pour un nouveau cadre législatif

Pour le directeur général de l’ULCC, Me Hans Jacques Ludwig Joseph, la déclaration de patrimoine doit être considérée comme une priorité absolue. Il appelle à l’adoption d’un nouveau cadre législatif plus strict, destiné à renforcer l’efficacité du dispositif et à accroître la confiance des citoyens envers les institutions publiques.

« Il est temps de faire de la déclaration de patrimoine un véritable outil de transparence et de redevabilité », a déclaré le responsable, plaidant pour que cette démarche s’impose comme une norme incontournable dans la vie publique haïtienne.

Vers une culture de transparence ?

Alors que la corruption reste l’un des défis majeurs de la gouvernance en Haïti, ces avancées sont perçues comme un signal encourageant. Reste à savoir si elles traduiront une volonté durable des dirigeants à inscrire leurs pratiques dans une logique de transparence et de reddition de comptes.

Pour l’ULCC, l’enjeu dépasse la simple formalité administrative : il s’agit de rebâtir la confiance du citoyen dans l’Étatet de renforcer les fondations d’une gouvernance démocratique et responsable.