Un rapport accablant de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) met au jour de graves irrégularités dans la gestion du Fonds National de l’Éducation (FNE) entre octobre 2024 et février 2025. L’enquête cible directement l’ancien directeur général, Jean Ronald Joseph, accusé d’abus de fonction, de détournement de biens publics et d’entrave à la justice.
Selon les conclusions de la Commission, un total de 162,8 millions de gourdes a été octroyé à 30 associations dans une opacité totale. Les enquêteurs soulignent que ces subventions ont été accordées sans vérification de l’existence légale des organismes bénéficiaires, sans évaluation des projets soumis et sans lien évident avec la mission éducative du FNE. Treize associations ont ainsi obtenu plus de 68 millions de gourdes pour des projets jugés non conformes, constituant un avantage indu au détriment de l’État haïtien.
Le rapport révèle également que l’institution ne disposait d’aucun manuel administratif ou financier, ni d’un système de contrôle interne fonctionnel. La gestion des subventions se serait faite de manière improvisée, les décisions étant centralisées au niveau de la Direction générale. Plusieurs cadres auditionnés ont déclaré ignorer les mécanismes d’octroi des fonds, ce qui confirme l’absence de procédures claires. Les enquêteurs évoquent par ailleurs l’usage de fausses factures et l’exécution de projets étrangers à tout objectif éducatif, entraînant le détournement de plus de 22,6 millions de gourdes.
L’ancien directeur général, Jean Ronald Joseph, est présenté comme le principal responsable de ces dérives. L’ULCC lui reproche d’avoir systématiquement contourné les règles de bonne gouvernance et de n’avoir répondu à aucune des convocations des enquêteurs, malgré des sommations et un avis de recherche émis à son encontre.
À l’issue de son rapport, l’ULCC recommande un audit en profondeur du FNE par la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif, l’élaboration urgente d’un manuel de procédures, la mise en place d’un service d’audit interne et la restitution des sommes indûment perçues. Sur le plan pénal, l’institution demande la mise en mouvement de l’action publique contre Jean Ronald Joseph ainsi que contre plusieurs responsables associatifs, dont Priscille Mazile Milord (BAK LAKAY), Ashley Jean Joseph (CROWD), Distey-Phanord Joseph et Recilor Fédé (GRAJUDH), Taisha Anna Melissandre St Rémy (CAJUS) et Marie Taissa Mazile (TASTY BITES), pour des faits allant du détournement de biens publics au faux et usage de faux.
La Commission recommande enfin la restitution de 68 019 311 gourdes par les treize associations accusées d’avoir bénéficié irrégulièrement de subventions, montant qui représente selon l’ULCC les fonds indûment octroyés par le FNE durant cette période.
