L’administration Trump a récemment informé le Congrès de son intention de classer certains groupes armés haïtiens parmi les organisations terroristes étrangères, selon des informations relayées mardi 29 avril 2025 par l’agence Associated Press. Cette décision viserait à renforcer les mesures de répression à l’encontre des gangs sévissant en Haïti.
D’après des sources proches du dossier, une notification confidentielle a été envoyée le 23 avril aux commissions des affaires étrangères de la Chambre des représentants et du Sénat. Cette note précise que deux groupes en particulier, Viv Ansanm et Gran Grif, sont ciblés par cette mesure. Ces derniers sont considérés comme responsables d’une grande partie de l’instabilité actuelle dans le pays.
Cette désignation, habituellement réservée à des groupes comme Al-Qaïda ou l’État islamique, permettrait aux autorités américaines de sanctionner sévèrement toute personne ou entité fournissant un appui logistique, financier ou matériel à ces organisations. Le Département d’État et la Maison-Blanche n’ont pas encore commenté publiquement cette décision.

Des gangs à l’origine du chaos en Haïti
La coalition Viv Ansanm, qui signifie « Vivre ensemble », s’est formée en septembre 2023 et regroupe plus d’une douzaine de gangs, notamment G-9 et G-Pèp, autrefois rivaux. Depuis février 2024, cette alliance criminelle mène une vague d’attaques violentes dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, provoquant la fermeture prolongée de l’aéroport international, l’évasion de centaines de prisonniers, et la démission du Premier ministre Ariel Henry.
Le gang Gran Grif, aussi appelé gang de Savien, fait partie intégrante de Viv Ansanm. Il est dirigé par Luckson Elan, alias « Général Luckson », et opère principalement dans l’Artibonite, au centre du pays. Ce groupe a été impliqué dans plusieurs massacres, dont celui de Pont-Sondé en octobre 2024, où plus de 70 civils ont été tués. Plus récemment, une attaque à Petite Rivière a causé la mort de plusieurs personnes, dont un enfant de 11 ans.
Ce gang est né sous l’impulsion de Prophane Victor, un ancien parlementaire haïtien qui aurait distribué des armes à des jeunes de la région, selon un rapport des Nations Unies. Victor a été arrêté en janvier, et des sanctions ont été imposées à son encontre par le Canada en 2023, puis par les États-Unis en 2024.

Un pays en crise profonde
La situation sécuritaire en Haïti s’est fortement dégradée. L’ONU rapporte plus de 5 600 morts en 2024, et plus d’un million de personnes déplacées par les violences des gangs, qui contrôlent désormais environ 85 % de la capitale. Des villes comme Mirebalais et Saut d’Eau ont récemment été ciblées par ces groupes armés.
La réponse sécuritaire des autorités haïtiennes, appuyée par une mission internationale dirigée par la police kényane, reste lente et insuffisante. À Kenscoff et Carrefour, par exemple, plus de 260 personnes ont été tuées au début de l’année avant toute intervention.
Par ailleurs, la situation humanitaire est catastrophique : plus de la moitié de la population risque de souffrir de famine d’ici juin, et quelque 8 400 personnes vivant dans des abris précaires sont menacées de mort par la faim.

Contexte plus large et précédent régional
En février dernier, Washington avait déjà classé huit organisations criminelles latino-américaines comme terroristes, dans le cadre de sa lutte contre les cartels. Cette nouvelle mesure à l’encontre des gangs haïtiens s’inscrit dans cette logique de durcissement.
La stratégie américaine inclut également l’usage de lois datant du XVIIIe siècle, comme l’Alien Enemies Act, permettant de détenir et expulser des non-citoyens sans passer par les procédures habituelles d’asile. Cette loi a été invoquée contre des membres du gang vénézuélien Tren de Aragua, désormais incarcérés dans des prisons au Salvador.
Lors d’un rassemblement politique dans le Michigan, Donald Trump s’est félicité de ces désignations, affirmant qu’elles donnaient aux autorités des outils plus puissants pour agir contre le crime organisé.
C’est le Miami Herald qui a été le premier média à rapporter que l’administration Trump envisageait de qualifier Viv Ansanm et Gran Grif de groupes terroristes.
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