Ce 15 juillet 2025, Dans le cadre de la 17e édition des Mardis de la Nation, le ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), M. Antoine Augustin, a pris la parole pour dresser un bilan exhaustif du déroulement des examens officiels et dévoiler les grands axes d’une réforme ambitieuse du système éducatif haïtien.
Un déroulement globalement satisfaisant des examens officiels
Pour l’année académique 2024-2025, un total de 303 963 élèves ont été inscrits aux examens officiels, répartis entre la 9e année fondamentale (188 141 candidats), le baccalauréat permanent NS4 (14 292 candidats) et les autres niveaux concernés. Le ministre a salué la tenue des examens de 9e année, qu’il qualifie de « réussite exemplaire », avec un taux de réussite de 96,5 %. Toutefois, il a fermement dénoncé certains cas de fraude rapportés dans diverses régions du pays, précisant que des poursuites judiciaires ont été engagées contre les auteurs et complices de ces actes.
En ce qui concerne les épreuves du baccalauréat, entamées le 14 juillet dernier, le ministre a exprimé sa satisfaction quant à leur bon déroulement, rendu possible grâce à la coordination entre les forces de sécurité, les autorités locales, les parents et les différents acteurs du secteur éducatif. Malgré les défis sécuritaires, l’ensemble des opérations s’est effectué dans un climat relativement calme et ordonné.
Un constat alarmant : le décrochage scolaire massif
Au-delà des examens, Antoine Augustin a mis en lumière une crise silencieuse mais profonde qui affecte l’éducation en Haïti : le décrochage massif des élèves. Selon les données du MENFP, sur plus d’un million d’enfants inscrits en début de cycle, seuls 188 000 parviennent à franchir la 9e année fondamentale. Ce chiffre, lourd de conséquences pour l’avenir du pays, reflète les nombreuses barrières qui entravent la progression scolaire des jeunes Haïtiens.
Le ministre en a identifié plusieurs causes :
- Les grèves prolongées des enseignants, souvent causées par des retards de paiements ou des revendications légitimes non satisfaites ;
- La pauvreté généralisée, qui pousse de nombreux enfants à abandonner l’école pour subvenir aux besoins de leur famille ;
- L’instabilité familiale, accentuée par les crises sociales et économiques ;
- Le manque de suivi pédagogique, lié à l’insuffisance de personnel formé et de ressources éducatives.
Une réforme en profondeur du système éducatif
Face à ce tableau préoccupant, le ministère engage une réforme structurelle et ambitieuse visant à renforcer les fondements de l’école haïtienne. Cette réforme se déploiera autour de plusieurs axes prioritaires :
- Le renforcement de la cantine scolaire, afin de lutter contre la faim et encourager l’assiduité des élèves ;
- Le passage automatique accompagné, une approche visant à éviter le redoublement inutile tout en assurant un encadrement renforcé pour les élèves en difficulté ;
- Le soutien pédagogique accru, notamment par la mise à disposition de plus de ressources et de formation pour les enseignants ;
- La réforme du préscolaire, afin d’assurer une meilleure préparation dès le plus jeune âge ;
- La redynamisation de la formation des maîtres, pour améliorer la qualité de l’enseignement à tous les niveaux ;
- La moralisation de la gestion financière des lycées publics, avec la mise en place d’un contrôle budgétaire rigoureux, assuré désormais par des comptables délégués placés sous l’autorité directe du MENFP.
Une école au service de la Nation
Au terme de son intervention, le ministre Augustin a lancé un appel à la mobilisation de tous les acteurs du pays pour bâtir une école haïtienne moderne, inclusive et citoyenne. Il a insisté sur la nécessité de promouvoir des valeurs civiques, éthiques et patriotiques dans l’ensemble du système éducatif, affirmant que l’école doit devenir un véritable creuset de citoyenneté, formant des jeunes engagés au service du bien commun et du développement national.
Par cette déclaration forte, le MENFP affirme sa volonté d’inscrire l’éducation au cœur du redressement du pays, tout en s’attaquant aux faiblesses structurelles qui compromettent son efficacité depuis des décennies.