À 32 ans, Jeff Louis, l’un des talents les plus prometteurs du football haïtien de sa génération, vit aujourd’hui un véritable drame humain. Originaire de Mirebalais, une ville située au centre d’Haïti, désormais sous le contrôle des gangs armés, l’ancien milieu offensif se retrouve coincé, démuni et en danger constant.
Ancien joueur de l’AS Mirebalais, révélé en Europe sous les couleurs du Standard de Liège en Belgique avant de poursuivre sa carrière en France au Mans, à Nancy puis à Caen, Jeff Louis avait été contraint de prendre sa retraite sportive prématurément en 2018. Ses blessures chroniques aux genoux, malgré plusieurs opérations, l’avaient éloigné définitivement des terrains. Un coup dur pour celui qui, au sommet de sa forme, avait impressionné par sa vivacité, sa technique et son flair devant le but.
Aujourd’hui, loin des stades et des projecteurs, Jeff Louis livre un combat bien plus vital : celui pour sa survie. Dans un entretien bouleversant accordé au journal L’Est Républicain, il raconte l’enfer quotidien qu’il endure à Mirebalais, ville gangrenée par l’insécurité et la terreur des groupes armés.
« Ils ont tout pris. Ma maison a été pillée. Mes souvenirs, mes biens, mes papiers… tout a disparu », témoigne-t-il avec émotion. Délogé violemment de son propre domicile, l’ancien international haïtien a dû fuir sans même pouvoir récupérer ses effets personnels. Depuis, il erre, sans ressources et sans protection.
Le climat d’extrême violence en Haïti, où des gangs lourdement armés règnent sur de vastes territoires, a transformé la vie quotidienne en une lutte permanente pour échapper aux enlèvements, aux pillages et aux assassinats arbitraires. « Ces hommes n’ont aucun respect pour la vie humaine. Si tu représentes un obstacle ou une menace, tu es éliminé sans pitié », décrit-il, la voix tremblante.
Réfugié temporairement dans un petit hôtel de fortune grâce aux dernières économies qu’il lui reste, Jeff Louis voit ses moyens de subsistance s’épuiser dangereusement. « Je peux encore payer quelques nuits, mais après, ce sera la rue. Je n’ai plus rien. Je suis seul et vulnérable », confie-t-il avec inquiétude.
En plus de l’insécurité physique, son impossibilité de quitter le pays aggrave sa détresse. Ses papiers d’identité ayant été détruits ou volés lors du saccage de sa maison, Jeff Louis se trouve dans l’incapacité de voyager, alors que ses deux enfants l’attendent en France, où il espérait pouvoir reconstruire sa vie.
Son parcours avec la sélection nationale haïtienne 5 buts en 33 apparitions avait fait de lui une fierté nationale, un symbole d’espoir pour beaucoup de jeunes. Aujourd’hui, son histoire met cruellement en lumière l’ampleur de la crise humanitaire et sécuritaire que traverse Haïti, un pays où même les anciennes icônes sportives ne sont pas épargnées par le chaos.
Dans un appel poignant, Jeff Louis sollicite la solidarité de la communauté haïtienne, du monde du football et de toute personne capable de l’aider à obtenir les documents nécessaires pour fuir ce cauchemar et retrouver ses enfants en France. « Je veux juste survivre et retrouver mes petits. C’est tout ce que je demande », conclut-il, à bout de forces, mais toujours animé par l’espoir de jours meilleurs.