Pour une politique jeunesse courageuse, inclusive et au service de l’avenir d’Haïti
Madame la Ministre,
Je vous adresse cette lettre non par confort, mais par urgence. Urgence de parler au nom d’une jeunesse haïtienne trop souvent laissée pour compte, oubliée des politiques publiques, marginalisée dans ses aspirations, et pourtant profondément désireuse de contribuer à l’édification de notre pays.
Madame la Ministre, il serait injuste de parler de jeunesse au singulier. Car il existe en Haïti plusieurs jeunesses, dont certaines vivent dans une précarité extrême :
– Je pense à celles et ceux qui, déplacés à cause de la violence armée, dorment dans des conditions inhumaines, sans accès à l’éducation ni à un encadrement stable.
– Je pense à ces jeunes qui rêvent d’entreprendre, mais qui se heurtent à l’absence totale de financement, d’accompagnement et de soutien.
– Je pense à ceux qui sont talentueux, mais qui vivent dans des quartiers où l’insécurité, le stress chronique, la peur quotidienne et le manque de perspectives brisent peu à peu toute envie de rêver.
– Je pense aux jeunes des zones rurales, isolés des circuits d’opportunités, invisibles aux yeux des institutions.
Ces jeunes ne demandent pas la charité. Ils demandent simplement l’équité, l’écoute, les moyens de se réaliser.
Votre ministère devrait être l’institution qui porte haut les rêves de cette génération. Mais les actions restent timides, centralisées, souvent déconnectées des réalités du terrain. Trop de jeunes ne se reconnaissent pas dans les programmes actuels, car ils n’ont ni accès à l’information, ni aux ressources, ni aux outils pour participer.
Il est temps de changer cela. Il est temps que le MJSAC devienne le moteur d’un véritable plan national d’inclusion jeunesse, avec :
• Des programmes de financement pour des projets innovants et entrepreneuriaux ;
• Des espaces de dialogue permanents dans chaque département ;
• Une politique d’accompagnement psychologique face au stress et aux traumas subis par les jeunes ;
• Une présence renforcée dans les milieux sensibles : camps de déplacés, quartiers à risque, zones rurales ;
• Des formations civiques et leadership local, pour bâtir une jeunesse actrice et non spectatrice.
Madame la Ministre, je vous écris avec respect, mais aussi avec fermeté. L’histoire nous jugera sur notre capacité à agir maintenant. Trop de jeunes perdent espoir. Trop de potentiels sont sacrifiés. Trop de talents fuient ou s’éteignent.
Je reste pleinement disponible pour dialoguer, proposer, collaborer, car je crois que nous pouvons encore changer le cours des choses. Mais cela exige du courage politique, de l’écoute sincère, et une volonté ferme d’agir.
Veuillez recevoir, Madame la Ministre, l’expression de ma considération engagée.
Raphaël Pedro Kabyla Louis
Juriste – Enseignant – Activiste politique