Pour le parti EDE, la transition actuelle est une impasse coûteuse et dangereuse.
Ce 14 mai 2025, dans une correspondance formelle adressée à la CARICOM par le parti Les Engagés pour le Développement (EDE), la vérité a été écrite noir sur blanc : la transition politique actuelle est un échec cuisant. Trois ans après la chute du gouvernement Ariel Henry, l’espoir d’un nouveau départ s’est mué en cauchemar coûteux, inefficace et destructeur pour la population haïtienne.
Le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), mis en place avec l’appui de la communauté internationale, avait pour mission de conduire le pays vers une réforme constitutionnelle et l’organisation d’élections inclusives, dans le respect de l’échéance du 7 février 2026. Or, cette ambition a volé en éclats. Le référendum constitutionnel, prévu pour le 11 mai 2025, n’a pas eu lieu, sans explication claire. Sans calendrier électoral, sans résultats tangibles, le projet de transition est désormais un échec reconnu.
Et pourtant, l’État haïtien continue de financer grassement cette structure. Selon un rapport d’avril 2024 du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), le CPT coûte à l’État haïtien 93,5 millions de gourdes par mois. À ce rythme, son maintien jusqu’à février 2026 représenterait une dépense de 748 millions de gourdes. Une somme vertigineuse pour un organisme sans mission, sans impact, et sans légitimité politique auprès de la population.
Alors que les hôpitaux ferment, que les enseignants ne perçoivent plus leurs salaires, que l’inflation étrangle les ménages, et que l’insécurité ravage les quartiers populaires, cette dépense devient non seulement injustifiable, mais profondément indécente. Le CPT, censé stabiliser le pays, est devenu un fardeau pour les finances publiques et un symbole du déni de réalité dans lequel s’enferme une élite déconnectée.
Pire encore, le Conseil n’est pas seulement inefficace : il est miné par des scandales successifs. Arrogance dans la gestion, accaparement des privilèges, guerres de positionnement, conflits internes étalés sur la place publique… Le CPT s’est transformé en théâtre de l’improvisation et de la disgrâce.
Le maintien artificiel du CPT risque de prolonger la crise, de fragiliser encore davantage l’État, et de renforcer la défiance populaire. Il est choquant de constater que, dans ce contexte de désintégration, le Trésor public serve à entretenir ce qui est devenu une coquille vide, sans orientation, ni résultats.
Le Parti EDE, dans son courrier à la CARICOM, interpelle la conscience régionale. Il appelle le Groupe des Éminentes Personnalités (GEP) à jouer pleinement son rôle de facilitateur et de garant de la stabilité, en procédant à une évaluation objective des dérives constatées. Il exhorte également à une réorientation urgente du processus de transition.
Haïti n’a pas besoin d’un conseil désincarné, mais d’un projet politique clair, porté par des leaders responsables, sobres et déterminés à mettre les priorités nationales au cœur de leur action. Le pays mérite un engagement renouvelé, fondé sur la lucidité, la rigueur et la volonté d’agir, pour sortir enfin de cette spirale infernale de transitions ratées.
Le signal envoyé par le Parti EDE est fort : la transition actuelle a échoué, elle coûte cher, elle met en péril la République, et elle doit être repensée.
L’heure n’est plus à la complaisance, mais à la responsabilité.