Dans une correspondance grave et sans détour, le Conseiller-Président et membre observateur Frinel Joseph sonne l’alarme sur l’échec patent du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Plus d’un an après sa mise en place, cette structure censée sortir Haïti de la crise politique est aujourd’hui minée par les divisions internes, l’inefficacité et la méfiance entre ses membres.
Ce courrier officiel, adressé aux autres membres du Conseil, est un constat d’échec clair et documenté : les objectifs de l’accord politique du 3 avril 2024 sont loin d’être atteints, et le CPT, loin de représenter un moteur de stabilité, est devenu un terrain de conflits et d’affrontements politiques.
Un Conseil bloqué et dysfonctionnel
« Le Conseil Présidentiel de Transition est bloqué », affirme Dr. Frinel Joseph. Malgré une mission bien définie restaurer la sécurité, organiser un référendum constitutionnel, et préparer des élections légitimes le Conseil passe son temps à gérer des querelles intestines. Les accusations publiques entre membres, les tensions sur la présidence tournante, et le non-respect des engagements initiaux plongent l’institution dans une crise de crédibilité.
Le fait que des propositions aussi fondamentales qu’un code d’éthique ou une note de transparence sur les fonds alloués aient été ignorées, malgré leur importance pour restaurer la confiance publique, montre le manque de volonté interne pour faire fonctionner l’institution selon des principes démocratiques.
Des décisions essentielles toujours en souffrance
Le conseiller Président et membre observateur Joseph dresse également un tableau accablant des retards accumulés : l’absence de communication avec la population, les retards dans la formation du Conseil des ministres, et l’incapacité à adopter un décret référendaire qui devrait pourtant permettre au CEP d’avancer dans ses tâches.
Pire encore, selon lui, les membres observateurs, censés faciliter l’harmonie au sein du CPT, sont souvent marginalisés, leurs recommandations ignorées. Cette mise à l’écart contribue à l’érosion de l’équilibre fragile qui devait caractériser cette transition consensuelle.
Un appel de la dernière chance.
Dans ce contexte de paralysie, le CP Frinel Joseph propose une retraite d’urgence pour vider les contentieux et une rencontre avec les forces vives du pays afin de sauver ce qui peut encore l’être. Il insiste aussi sur une présentation régulière des actions du Conseil à la population, aujourd’hui tenue à l’écart, et sur la nécessité d’agir rapidement pour mettre en place les outils juridiques indispensables au bon fonctionnement du processus électoral.
Un Conseil en faillite morale et politique ?
Ce document officiel met à nu une réalité difficile : le Conseil Présidentiel de Transition, censé incarner l’espoir d’une nouvelle gouvernance en Haïti, est aujourd’hui embourbé dans ses propres contradictions. À huit mois de l’échéance fixée par l’accord du 3 avril 2024, le bilan est inquiétant : l’agenda électoral n’est pas clairement défini, les institutions de transition sont affaiblies, et la confiance du peuple est au plus bas.
Alors que la population attend des réponses concrètes, le CPT semble de plus en plus prisonnier de calculs politiques et de querelles d’ego. La lettre de Frinel Joseph agit comme un acte d’accusation interne, et peut-être le dernier avertissement avant le naufrage total de cette expérience de transition.